Habituellement, le mot ‘Mica’ désigne un minéral du groupe des silicates aux propriétés remarquables de résistance thermique, d’inertie chimique et d’isolation acoustique.
Aujourd’hui, un autre MiCA défraye la chronique, il s’agit du projet de loi européenne qui prétend contraindre l’usage des cryptomonnaies.
(MiCA pour 'Markets in Crypto-Assets')
Cette polysémie est-elle anodine ?
Le hasard a bien cyniquement fait les choses : la loi MiCA est un exemple frappant de résistance, d’inertie et d’isolation - de la part d’une administration de plus en plus déconnectée du rationnel et du reste du monde.
Ainsi donc, ce petit jeu de mots vient nous interroger sur la société d’avenir, du moins celle d’Europe, et sur la façon dont nous voudrions – ou pas – la voir gérée pour le bien de tous.
Loin de moi l’idée de reprendre ici tous les détails de son contenu. D’autres plus compétents l’ont déjà magistralement décortiquée et critiquée.
Dans nos sociétés, vaincre la résistance au changement a toujours été un enjeu majeur.
Ce concept s’avère particulièrement fort, ancré en tous puisqu’il trouve sa source dans l’un de nos instincts les plus primitifs : l’instinct de conservation.
Même lorsqu’une nouvelle technologie est bien comprise et suffisamment répandue, même lorsque les avantages en sont évidents, les changements qu’elle provoque suscitent inévitablement réticences, hésitations et peurs.
Alors que dire de la cryptomonnaie ?
Elle n’est ni bien comprise, ni assez répandue et ses avantages n’ apparaissent évidents qu’après une comparaison avisée avec nos systèmes traditionnels.
Voici une technologie qui renverse totalement la vision commune de la confiance, rompt ses chaînes de dépendance, rend marginales les positions de contrôle, redonne le pouvoir de décision à l’individu (ce qui n’est pas une mince affaire) et fait ipso facto perdre à l’appareil politique une partie de ses moyens coercitifs.
Celui de notre Europe ne veut pas en entendre parler.
Nous pouvons dès lors compter sur lui pour déployer son arsenal de contraintes, même si fondamentalement c’est un combat perdu d’avance:
On ne peut pas encadrer un nouveau paradigme avec les règles de l’ancien.
... Et on ne peut pas contraindre une technologie librement offerte à tous.
Rappelez-vous du 'Red Flag Act'...
C’est ce que l’histoire enseigne maintes et maintes fois
Mais à ne pas embrasser ce changement, de gré ou de force nous en perdons les avantages, nous n’accompagnons pas ses développements et à la fin, au mieux nous finissons par mendier à d’autres des bienfaits technologiques que nous ne sommes plus capables de comprendre, au pire, génération perdue, nous disparaissons au profit d’une autre.
Et c’est effectivement vers cela que la majorité du monde politique européen nous conduit.
Ce monde politique a hélas trop gagné en gestion de l’image et du sentiment ce qu’il a perdu en compétence: pas de recoupement de sources, pas de doutes et pas de mises en question, pas de ménagements, pas le temps pour ça et puis ce serait un aveu de faiblesse.
Vive le coup d’oeil distrait, le jugement à l’emporte-pièces, les apparences qui surfent sur la vague du danger. Ouh, quel frisson à se prendre pour un chevalier blanc !
Dormez tranquilles braves gens, on va taper fort sur la ‘méchante’ technologie, qu’elle soit comprise ou non, qu’elle soit aboutie ou non.
Mais d’hypothéquer nos chances de suivre, voire de précéder le progrès ?
Aucune préoccupation, aucun état d’âme. Les ‘autres’ feront bien cela à notre place.
Et c’est d’ailleurs ce qu’ils font, hors d'Europe.
MiCA, la loi d’un monde figé, dur, résistant, sans souplesse.
Une loi minérale.
